Le préalable de la prière

Madeline au travail

La souplesse des choix techniques de Madeline venait d’un enracinement profond dans sa méditation ; en effet elle consacrait un temps considérable à la prière avant d’entreprendre un tableau, ou une sculpture religieuse, et aussi un temps important à étudier les œuvres des autres artistes au cours de l’Histoire. De là, l’abondante bibliothèque léguée par elle à la Fondation du Parfum de Béthanie. Elle écrivait sévèrement à une jeune mosaïste qui lui demandait des conseils techniques pour la confection d’un Chemin de Croix : « Je ne vois pas dans ton programme le temps d’une retraite. Celle-ci est indispensable à toute ambition de travailler pour le Royaume, le reste importe beaucoup moins ».

Ferveur ou fureur religieuse

Il y a déjà un point préalable à cette évocation de la prière. La ferveur qui répond à la Révélation est au-delà de la fragilité des créatures. On peut comprendre que, spontanément, les hommes défendent violemment leur religion, ou au moins la perçoivent dans un rapport de force ou de supériorité en la comparant aux autres. C’est catastrophique puisque le croyant s’érige, alors, en juge non seulement des autres, mais surtout de l’attitude religieuse permise par Dieu. Il s’ensuit une volonté, soi-disant vertueuse, de remplacer la « fausse religion » des autres par « la vraie », c’est à dire celle à laquelle chacun adhère.

Madeline Diener, Danse de Salomé dans le livre “Bérith”, édition Saint Augustin

L’humble ferveur pour Dieu disparaîtrait alors au profit d’une fureur égoïste chargée de préserver l’enveloppe culturelle de nos peurs devenues égoïsmes face à des différences perçues comme des dangers. On ne connait que trop les horreurs des guerres dites « de religion » et l’hostilité qu’elles peuvent encore susciter contre toute institution religieuse confondue avec l’imposition à la conscience d’autrui.