La primauté que Madeline accordait à la foi de ses commanditaires pour adapter la technique à leurs vœux la conduisit même à inventer des techniques pour plier la pratique à leur projet. L’intérêt des ancêtres industriels de Madeline pour les techniques se retrouve dans les recherches de celle-ci pour répondre aux challenges des demandes difficiles à satisfaire. Par exemple le vœu des paroissiens de Montsevelier : décorer les parois de leur église par un chemin de croix moderne, plat et coloré, alors que l’exigüité du bâtiment empêchait tout relief d’une sculpture qui aurait été emportée au passage des fidèles, et que les moyens de cette petite communauté ne suffiraient pas à payer des vitraux. Ne se résignant pas à l’échec d’un désir si réfléchi par ces croyants, Madeline eut l’idée de découper des feuilles d’aluminium éloxé, celui qui est utilisé pour la carrosserie des voitures. Elle voulait composer avec ce matériau des collages à la façon des ceux de Matisse. Le carrossier qui la reçut au milieu des plaques de métal colorées fut effrayé du projet que lui expliquait l’artiste. « Confiez-moi le dessin des motifs et je les ferai découper au laser « proposait-il en regardant la taille des mains de Madeline. Et elle de s’obstiner: “Non, je veux découper moi-même ces feuilles, pour sentir naître le dessin sous mes doigts…”
De même, avec l’aide des ingénieurs de Getaz Romang, elle résolut le dilemme des mosaïques ornant les vénérables murs du baptistère de la basilique de Saint-Maurice ou bien de la chapelle des moniales de Collombey. L’ancienneté de ces bâtiments empêchait de les mouiller pour fixer les petites tesselles des mosaïques, mais ces novateurs pensèrent à coller celles-ci sur des plaques de métal qu’il suffirait de suspendre aux parois séculaires. Les mosaïques furent ainsi réalisées sur un support amovible et ensuite suspendues au mur. Ainsi pouvait-elle réussir le projet mûrement réfléchi avec les commanditaires sans récuser les exigences matérielles.