Il est bien compréhensible que les malheurs de son entourage, tant paternel que maternel, aient marqué l’enfant qui grandit comme le raisin en espalier : plus mûre que son âge et en même temps avide d’indépendance. Au bout de deux ans, seulement elle interrompit ses études aux Beaux-Arts de Lausanne où elle avait suivi les cours de Marcel Poncet et de Violette Diserens. Elle entra comme dessinatrice sur tissus de luxe dans l’entreprise Stoffel, à St Gall tout en poursuivant encore des cours aux Beaux-Arts de Zurich.
Grâce à la compréhension de son employeur, elle réussit, tout de suite, à livrer dans un délai record les quarante dessins commandés chaque année. Ceux-ci payés, elle pouvait utiliser les huit mois ainsi libérés pour étudier de nouvelles techniques auprès d’artistes connus : la mosaïque auprès de l’entreprise Toso à Ravenne et plus tard avec Toni Schneider Manzell pour l’Erlöserkirche de Zurich, la sculpture chez Alberto Giacometti, la patine chez Dino Giacometti, à Paris.
Une formation pourtant traditionnelle
On s’étonne de la précocité des chefs d’œuvre des sculpteurs de la Renaissance, mais c’est que, encore enfants, ils fréquentaient déjà les ateliers des maîtres de leur temps. A vingt-trois ans Rembrandt ou Michel Ange produisaient déjà des chefs d’œuvre, or ils n’avaient que dix ans quand ils mêlaient déjà les pigments de la palette des meilleurs spécialistes de leur époque ! De même Madeline a-t-elle été initiée très tôt aux réalisations artistiques dans les ateliers qu’elle a fréquentés :